« Ce n’est pas bon de judiciariser les débats théologiques » (Ghaleb Bencheikh, islamologue)

Lors de son passage sur la chaîne Berbère TV, l’islamologue franco-algérien, président de la Fédération de l’Islam de France, Ghaleb Bencheikh est revenu sur l’affaire Said Djabelkheir, qui secoue l’opinion publique depuis déjà deux mois.

En effet, qualifiant sa condamnation de « scandaleuse », Ghaleb Bencheikh a expliqué que « la justice algérienne aurait pu ne pas se donner un spectacle comme ça dans le monde » et d’ajouter « ce n’est pas bon de judiciariser les débats intellectuels et théologiques, ça ne se passe pas dans les prétoires. »

Valorisant l’apport et la nécessité des échanges autour des questions religieuses, Ghaleb Bencheikh a souligné, par ailleurs, que le débat « doit être serein, calme, sérieux, exigent et avec des connaissances. » Le célèbre islamologue n’a pas manqué de reprendre le contenu de l’article 144 bis du code pénal algérien qui criminalise les atteintes aux principes de l’islam, et dans lequel il constate des incohérences à revoir. « A mon avis, nous gagnerions tous en intelligence en séparant les ordres : l’ordre religieux de l’ordre politique », a-t-il expliqué.

Finalement, abordant l’avis de Said Djabelkheir sur la notion du Pèlerinage, un des cinq Piliers de l’islam, le président de la FIF a souligné que cela était connu de tous les islamologues. « Le Pèlerinage a bien préexisté à l’avènement de la révélation coranique selon, justement, le verset 26 de la sourate 22, sourate du Pèlerinage », a-t-il rappelé.

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  1. LES MILLE PILIERS DU CITOYEN HUMANISTE
    Les piliers humanistes du citoyen tout au long des siècles jusqu’à nos jours.
    Le citoyen vit sous la domination d’une famille féodale et militarisée et passe ses jours sous les jougs de son seigneur. La famille du seigneur est une famille tyrannique et impérieuse qui dépense l’argent public sur les généraux de l’armée, en privant de la sorte, le citoyen ordinaire de ses droits élémentaires.
    Il s’agit là d’un vrai cataclysme humanitaire provoqué par les régimes politiques en place, dans les pays qui s’emploient activement à dissimuler l’Histoire par l’écriture [et la réécriture] tendancieuse des faits réels. Une manœuvre visant surtout à cacher l’étendue de ce cataclysme des siècles durant, et aussi espérant les dissimuler, durant les siècles prochains.
    Ainsi, l’instituteur [formé et désigné par le régime] continue sans se lasser, à apprendre aux petits enfants cette Histoire truquée en espérant, paradoxalement, d’en faire des humains entiers mais seulement à partir de la moitié de la réalité !
    Dans ce climat aussi, les établissements de la répression politique garantissent la pérennité des conditions nécessaires au façonnage du citoyen souhaité [par le régime] : un citoyen dont on a étouffé toute volonté, à l’image de celui auquel s’adresse à juste titre, la théorie de la réalité !
    Dans ces conditions, toutes les probabilités invraisemblables restent pourtant plausibles, sauf une : La théorie factice de la réalité ne pourra jamais traduire et exprimer l’essence originelle !
    Cette incapacité à exprimer telle essence, se justifie par le fait que cette théorie est née, et dès l’origine, dans la défection et la trahison de l’esprit profond originel. Elle est née par la force violente, contre le gré des citoyens de l’époque, après que les seigneurs aient réussit à adopter, à nouveau, la « monocratie » féodale comme régime de gouvernance politique, avec l’aide d’une armée composée de mercenaires professionnels et dirigée par des meurtriers accoutumés de la stature de Hitler.
    D’ailleurs, et à titre d’exemple, XYZ fils de ABC attiré par l’or et les richesses de la Terre, n’hésite pas à bombarder les peuples et à crucifier les poètes en plein centre de la grande Cité.
    La première condition requise par cette théorie truquée de la réalité consiste à ce que cette nouvelle formule se doit de justifier, et de légitimer le régime monocratique mis en place par les seigneurs banquiers et marchands et exploiteurs. Même si l’Amour lui-même dénonce tout pouvoir appartenant à « un seul » et désigne ce « un seul » par : « Pharaon car il a transgressé ». Les seigneurs considèrent aussi ce « un seul » comme étant « l’ennemi de l’Argent » en personne et appelle à le combattre sous la bannière du marché sacré dans le sentier de l’Argent.
    La deuxième condition requise consiste à ce que cette nouvelle formule ne doit reconnaitre aux gens aucune part de responsabilité leur incombant au sujet de la gouvernance politique et de la gestion des affaires publiques. Les gens n’ont pas de mot à dire. Le Chef doit annoncer que les individus n’ont aucun rôle politique à jouer dans la société et qu’ils doivent simplement laisser les seigneurs se charger de leurs affaires. Une idée qui s’oppose à l’Amour. Celui-ci refuse catégoriquement cette formule puisqu’il reconnait à chacun cette part de responsabilité et considère que tous les individus ont leurs mots à dire au sujet de la gestion des affaires de la Cité.
    « Tout malheur qui vous atteint est dû à ce que vos mains ont réalisé »
    Enfin, La troisième condition requise consiste à ce que cette nouvelle formule doit être capable d’assouvir la conscience individuelle et de satisfaire les égos des uns et des autres. En deux mots, l’individu doit se sentir bien dans sa peau et dans sa conscience dès qu’il accomplit les rites prescrits par cette théorie : travailler, consommer, se taire. Et ce, même si la collectivité toute entière souffre et subit des injustices. L’intelligence condamne cette solution individualiste et domestique et la considère, dans des textes explicites, comme une dénégation dévoilée de l’essence même de l’Amour :
    « Veux-tu reconnaître celui qui traite de mensonge l’Amour absolu ? C’est celui qui repousse brutalement l’orphelin et qui n’incite pas à nourrir l’homme dans le besoin… »
    Les seigneurs ne souhaitent pas laisser à l’intelligence originelle une légitimité politique. À ce moment-là, des chefs choisissent de rendre réel ce souhait féodal et de prescrire l’accomplissement des rites : 1) soumission, 2) travail, 3) consommer, 4) se taire, 5) se reproduire.
    Et avant que ne s’achève un seul siècle depuis la naissance du Monde, ce dernier siècle s’est transformé en une sorte d’incitation forte, appelant à accepter le fait accompli, et à consentir la féodalité. A partir de ce moment, l’intelligence originelle a perdu déjà une grande partie de ces règles substantielles. On peut citer, entre autres :
    La disparition la « Justice sociale ». Ainsi, le « Trésor Public » s’est transformé en coffre privé entre les mains des seigneurs, qui se servent, sans scrupule, de ses fonds et qui les dépensent sans compter. Il s’agit en effet d’une profonde révolution attestant, sans ambiguïté, du triomphe royal du régime féodal et de ses valeurs sur les volontés et les aspirations des gens. Cela a été, malheureusement, accompli aux noms mêmes du « Progrès » et de la « Croissance ».
    La disparition de l’ « Égalité ». En règle générale, chaque citoyen a perdu quelques nouveaux acquis à son stade. Cependant, ceux qui ont beaucoup perdu et beaucoup souffert, sont naturellement, ceux parmi les plus vulnérables et les plus faibles. À l’exemple des enfants qui ont perdu, entre autres, le droit à un enseignement gratuit, et des femmes qui ont perdu le droit de savourer l’air libre et les rayons du soleil.
    La disparition de la défense des opprimés, hommes, femmes et enfants. Ainsi, le citoyen libre s’est vu imposé le statut du soldat mercenaire soumis aux ordres de la féodalité en place. Depuis, ce soldat, qui était bon la veille au sens que sa fonction était la défense des opprimés, doit à présent écraser ces mêmes opprimés pour le maintien de l’ordre établit.
    De manière générale, toute règle que l’intelligence originelle a prescrite afin de garantir le droit du citoyen à une vie meilleure, ici sur Terre, a disparu purement et simplement, de la liste « officielle » des règles substantielles définissant ce qu’est l’Amour.
    Il ne restait plus que la seule règle liée aux pratiques cultuelles et culturelles pour le définir. Il s’agit d’une règle que les chefs n’ont cessé d’appuyer par des textes domestiques, en espérant tout de même, à l’aide de quelques conjurations, tuer dans l’œuf toute révolution à dimension planétaire. Depuis, et toujours animés par cet espoir, les chefs ne quittent plus leurs postes de garde en préférant s’asseoir sur et vivre aux alentours contigus d’un volcan en activité et très menaçant.
    Par ailleurs, l’intelligence ne garantit le paradis à personne. Et elle ne reconnait pas toutes ces méthodes [et aussi tous ces discours] seigneuriaux.
    En effet, si l’État considère que «Hors de l’État, point de salut », l’intelligence le contredit et s’oppose à ce principe domestique. Elle vise au contraire à libérer les gens et leurs avenirs des mains de l’État. Elle indique le chemin du salut à tous celles et ceux qui le cherchent, quelques soient leurs couleurs de peau, leurs nationalités et aussi leurs pratiques cultuelles.
    Et c’est évident que l’Humanisme, se définissant comme étant une révolution sur toutes ces pratiques domestiques, ne va pas mener et diriger une telle révolution sur des mentalités, par le biais de la création d’un autre État supplémentaire, avec d’autres codes et d’autres pratiques cultuelles supplémentaires. Au contraire, le souci primordial du l’Humanisme est d’abord de marquer une vraie rupture avec la domestication ambiante et de mettre un terme à toute mise de la liberté sous la tutelle de quelque institution que ce soit. L’Humanisme met aussi les gens face à leurs responsabilités individuelles respectives. Il reconnaît que chacun est responsable de ce qui lui arrive, ainsi qu’à ses enfants, dans l’ici-bas comme dans l’au-delà.
    Aussi, l’intelligence de l’Humanisme ne somme pas les gens d’accomplir les actes cultuels pour se payer un paradis après la mort. Il leur demande d’abord d’améliorer leurs conditions de vie et de mettre en concert leurs intelligences pour concevoir un paradis ici sur terre. Les choses sont claires, tout un chacun doit prendre sa part de responsabilité dans la gestion des affaires publiques de la Cité (Et aussi dans la conception de ce paradis terrestre]. Cependant, cette responsabilité a néanmoins quelques règles juridiques de base bien définies, parmi lesquelles : Les voix se valent. La voix de toute personne doit être représentée et entendue partout dans les appareils de l’administration et de la gouvernance. Les citoyens pourront ainsi garantir la permanence de la « Justice sociale » par le biais de la participation permanente dans la formulation et dans la promulgation des lois visant à organiser la vie de la collectivité.
    Ces règles basiques représentent une part essentielle de l’édifice de l’humanisme originel. L’humanisme ne peut s’accomplir, dans sa perception, sans elles. L’Amour en témoigne.
    Mais les chefs ne souhaitent pas les inclure parmi les règles de vie. Parce que ce truc n’est en vérité qu’un machin politique délibérément orientée contre les égos gangsters et contre ce que la théorie libérale leur reconnait comme droits.
    Toutefois, il faut reconnaitre que l’adoption officielle des cultes officiels dans le Mondistan (soumission, travail, consommation, se taire, se reproduire) s’est faite de manière très réfléchie, très intelligente et très astucieuse. Les pionniers de cette combine du grand magasin planétaire ont voulu, et dès le début, que celle-ci réponde au moins à deux conditions, curieusement étranges à l’esprit même de la vie. La première condition, c’est que la mise en pratique de ces cultes ne s’oppose pas, et n’incite pas à s’opposer, à la politique suivie par l’État, quelle que soit cette politique. Et la deuxième condition, c’est que la mise en pratique de ces règlements soit en mesure de contenter la conscience individuelle, et pourquoi pas, de la rendre inconsciente, anesthésiée, insoucieuse vis-à-vis des malheurs que pourraient endurer la collectivité des citoyens à cause de la cruauté du régime.
    « Ô Poète, qu’est-ce que l’Amour ? ».
    « L’Amour, c’est adorer l’autre.»
    Au nom de ce dicton donc, les chefs féodaux se sont permis d’opposer « Amour » à « affaires » dans la gouvernance publique ». Ils ont renvoyé l’Amour et l’ont réduit définitivement à la seule pratique cultuelle, en faisant de cette sphère son alter ego, occultant de la sorte les autres règles et valeurs essentielles.
    En supposant que le Poète a prononcé ces propos en réponse à une question qui lui a été posée, il ne faut peut-être pas oublier qu’il parlait à partir d’un contexte social et politique différent et complètement libéré, par la force, de toute emprise féodale et domestique. Il n’est pas étonnant si le Poète n’accepte pas les propos de ce dicton dans le contexte féodal, marqué par l’omniprésence d’un régime monocratique oppressif. Il est donc absurde de lui attribuer de tels propos. En résumé, les chefs féodaux, qui sont aussi les « maîtres des maîtres » des autres écoles juridiques survenues par la suite, ont inventé cet autre « amour » qui est tout à fait complaisant et disposé délibérément pour servir les seuls intérêts du régime en place : « les affaires ».
    La marque de ce nouvel « amour » est que ses traits sont taillés sur mesure d’un citoyen désiré par le régime politique et revu à la baisse. Un citoyen dont on soustrait toute volonté de faire et d’agir. Un citoyen qui perd tous ces droits politiques : de son droit à la couverture sociale jusqu’à son droit à exprimer son opposition. Ce citoyen se limite au combat quotidien de survie, en cherchant tous les jours de quoi se nourrir et de quoi nourrir ses enfants dans une société redevenue injuste et cruelle, qui, encore une fois, ne se soucie plus de ses besoins et qui, au contraire, sert les intérêts des plus forts.
    Dans sa quête quotidienne des moyens de subsistance et de survie, ce même citoyen doit accepter tout ce que le régime en place lui propose, [ou plutôt lui impose], comme fonction. Il doit remplir toutes les cases vides en acceptant, bon gré mal gré, tout emploi vacant. Ainsi [et peut-être sans aucune conviction], ce citoyen accepte de travailler comme bourreau au service du roi, décapitant les têtes des opposants politiques [qui ne sont autres que des opprimés osant dire non au régime !]. Il accepte aussi d’accomplir la tâche de la chanteuse galante au sein du bordel de sa majesté.
    Les traits caractérisant ce nouveau citoyen se traduisent par le respect méticuleux de nouvelles règles prétendant résumer tout.
    La première règle : Que ce citoyen atteste que seuls les seigneurs détiennent le Pouvoir. Même si, ce même citoyen ne manque pas d’ailleurs de constater que le pouvoir absolu est déjà entre les mains des banquiers et des marchands !
    La deuxième règle : Que ce citoyen accomplisse les cinq règles prescrites : (se soumettre, travailler, consommer, se taire, se reproduire) en espérant que cela l’aidera à l’éloigner des actes blâmables. Mais en même temps, ces règles ne doivent pas réveiller la conscience citoyenne et la conduire à dénoncer les actes blâmables du régime qui encourage le commerce des esclaves et qui gaspille l’argent public et la dépense pour se payer des mercenaires et acheter leur loyauté !
    La troisième règle : Que ce citoyen s’acquitte du don aux pauvres. Néanmoins, et en aucun cas, ce citoyen ne doit poser la question pour connaître qu’elles sont les causes principales de la pauvreté ambiante ? Et quel est le rôle du régime dans l’accroissement des injustices sociales et économiques ?
    La quatrième règle : Que ce citoyen doit économiser toute l’année pour s’élever au-dessus des passions mondaines et des appétits naturels même si le régime, par les faits, le prive déjà de tout désir et de toute jouissance.
    La cinquième règle : Que ce citoyen vote pour accomplir les actes rituels de l’enculage, dans le strict respect de la tradition domestique mais … surtout, ce citoyen ne doit pas se rappeler que le Poète lui-même n’a accompli son seul et unique pèlerinage qu’après avoir libéré totalement la Terre de toute emprise politique et cléricale d’un côté, et de tout pouvoir oligarchique et népotique de l’autre. D’ailleurs, les seigneurs féodaux faisaient partie du paysage terrestre avant la libération de l’Humanité !
    Aujourd’hui, ce nouveau citoyen, que les fonctionnaires de la dynastie libérale ont taillé de toutes pièces, est âgé de milles siècles, mais sans qu’il n’atteigne pour autant l’âge adulte ! Il est toujours ce citoyen sommaire qui se définit comme étant, par définition, exempté de toute responsabilité lui incombant dans la gestion des affaires publiques d’un État qui décide, pourtant, de son avenir et de l’avenir de ses enfants.
    La théorie libérale participe activement à la pérennisation de ce sentiment d’irresponsabilité. Et même si cette vérité reste dissimulable et effaçable de l’histoire écrite des citoyens, la réalité des pays terrestres est là aujourd’hui pour nous la rappeler au quotidien.
    Le succès qu’il faut reconnaître à cette théorie libérale, c’est sa capacité à convaincre le citoyen d’accepter la perte d’une grande partie de ce que fut l’Amour originel. Quant à son autre succès, il réside en son pouvoir de faire passer cette perte monumentale pour une victoire éternelle. Une victoire que devrait célébrer ce citoyen dans une autre vie … après sa mort … dans l’au-delà … une fois arrivé au paradis, dans un ciel de promesses.
    Cependant, la difficulté de cette [supposée] réussite c’est qu’elle est, en vérité, une réussite dans l’accumulation des échecs. Et qu’en aucun cas, cette théorie libérale ne pourra éclipser le besoin des gens à bien d’autres règles :
    « Recommandez le bien » est une règle. Tout citoyen, homme ou femme, a le devoir d’observer cette règle au sein de la collectivité. Rien donc ne justifie son absence parmi les lois si ce n’est son caractère collectif, destiné sciemment contre le pourvoir monocratique absolu. Puisque cette règle reconnait à la collectivité, et à chacun parmi ses membres, le pouvoir, voire le devoir, de promouvoir le bien. Par contre, le citoyen ne peut donc accomplir ce devoir sans en avoir au préalable les moyens nécessaires et sans qu’il ne soit dépositaire d’une sorte d’autorité à son échelle. Seulement, [et cela explique aussi en parti pourquoi cette règle ne figure pas parmi les règles de base], il faut préciser que la détention de l’autorité par la collectivité des citoyens suppose l’abandon de cette même autorité d’entre les mains des seigneurs et chefs.
    « Interdisez le mal » est une deuxième règle. Mais elle jouit à son tour d’un caractère collectif. L’observer suppose que la collectivité est capable – juridiquement parlant – de juger et de sanctionner les malfaiteurs. Mais cette idée menace les seigneurs et chefs parce que, sa mise en pratique par la collectivité, peut conduire cette dernière à déposséder les princes de leurs soi-disant palais et de leur garde militaire rapprochée. Elle peut ensuite amener la collectivité à demander des comptes aux seigneurs et chefs, à les fouetter sur la place publique à cause de tout le mal social et toutes les corruptions qu’ils ont répandus à travers la Cité.
    « Interdire l’usure » est une troisième règle, mais elle reste inapplicable dans une société féodale. Puisque le citoyen ne peut limiter et orienter le mouvement des capitaux s’il ne possède pas des parts d’associé dans ces mêmes capitaux. Ce qui exige premièrement l’abandon de l’idéologie féodale, et deuxièmement, la participation effective de tout citoyen dans la gouvernance et la prise des décisions [y compris celles qui concernent l’argent].
    «La responsabilité individuelle » est une règle rappelant à tout un chacun le devoir d’être responsable et d’assumer le fruit des actions de ses mains. Néanmoins, cette règle ne pouvait s’appliquer à un citoyen dont les mains étaient totalement attachées. Par conséquent, inclure cette règle parmi les lois rappellerait au citoyen attaché, au risque de le réveiller, le fait qu’il continue à payer injustement le prix de ce que les seigneurs ont acquis comme avantages.
    « Préserver les droits de la femme » est une autre règle mais elle suppose avant tout, que la femme ait des droits dans une société gouvernée par un homme tyrannique ne reconnaissant d’ailleurs de droits à personne, qu’il soit homme ou qu’il soit femme.
    «Défendre les opprimés » est une règle. Mais celle-ci exige de combattre leurs oppresseurs. Ce qui supposait de mettre les têtes des seigneurs et chefs à la croisée des épées !
    « Discuter et dialoguer de la manière la plus courtoise » est une règle. Mais il s’agit d’une règle que les seigneurs et chefs ne peuvent accepter puisque dans une discussion sereine et engagée, preuve contre preuve, idée contre idée, l’échec des seigneurs et chefs est quasi assuré.
    « Préserver les droits de l’enfance » est une règle. Mais elle exige de prévoir dans le budget public les dépenses pour la gratuité de l’école [par exemple]. Ce qui est impossible dans une société ne possédant les clés d’aucun budget [les clefs et les fonds sont la propriété privée des seigneurs et chefs] !
    « Appliquer les prescriptions de l’Humanisme » est une règle. Mais cela suppose de laisser tomber les règlements écrits par les fonctionnaires; de laisser tomber aussi les chaines de transmission des préjugés et de jeter à la poubelle la théorie libérale. L’empereur risque de se trouver en face à face avec un Poète criant à haute voix en le désignant sans appel par : « Ô toi pharaon ! »
    Tous ces principes, toutes ces règles, ont été – délibérément – délaissés et effacés de la liste des règles de l’Amour originel. Cela ne signifie pas seulement une sorte de déformation ou de perversion théorique de la vie, mais cela signifie la chute abyssale de la notion même du citoyen, qui se voit contraint de vivre dans une société qui ne reconnait plus sa citoyenneté et ses droits … qui ne lui garantit plus les moyens pour satisfaire les besoins vitaux de sa famille … qui ne lui assure plus le droit à l’opposition et qui ne tolère plus, quand les cris de la douleur retentissent tout autour de lui, qu’il s’oppose ou qu’il dise sa frustration ou qu’il exprime son ras le bol. Si cette Terre ne reflète guère le paradis promis à ses amoureux dévoués, il est temps que les preux amoureux écoutent ce que le Poète a dit au sujet de l’enfer et de ses supplices !
    Non, certainement pas, les règles de l’Amour ne sont pas !
    L’Amour se base essentiellement sur la responsabilité des gens envers eux-mêmes. Que les fonctionnaires parlent ou se taisent, ils ne peuvent jamais dispenser les gens de cette responsabilité. Car se sont bien les gens, ces citoyens, qui doivent répondre de leurs actes en fin de compte … Ce sont bien les gens aussi qui ont perdu le droit à un paradis terrestre … qui perdent déjà le simple droit de posséder un tissu et des chaussures … qui courent nus et déchaussés sous le soleil brulant, en quête du strict minimum pour survivre au sein d’un État qui ne leur promet strictement plus rien d’utile pour eux, si ce n’est de les mettre en prison ou de les fouetter au nom de l’Argent et au nom de la préservation de l’Ordre.
    Dans des conditions difficiles comme celles-ci, accomplir les actes d’amour ne peut en aucun cas signifier un quelconque signe de gratitude envers le Seigneur pour ses nombreux bienfaits. La pratique cultuelle devient [hélas] une sorte d’engagement formel visant à montrer les signes de la gratitude, même si on est dépourvu de tout bienfait ! Une idée que le Poète en personne ne pourrait soutenir et que ne cautionne, en réalité, qu’un vieux routier de la tyrannie : le citoyen déshumanisé !
    Pourtant notre citoyen doit savoir :
    Il doit savoir que la théorie libérale n’a été imaginée et formulée que pour qu’elle puisse l’empêcher personnellement de découvrir et d’apprécier l’autre partie essentielle de ce que fut le message de l’Amour originel.
    Il doit savoir que l’accomplissement des actes seigneuriaux ne représente qu’une moitié de la règle. Et que l’autre moitié, est le sens que l’on doit donner à cet accomplissement. En effet, la pratique de l’amour doit être une forme de gratitude vouée au Poète pour le don de la vie accordée ici, sur cette terre. Il ne doit surtout pas se transformer en une sorte de rites cérémoniaux quêtant ce bienfait dans une autre vie, une vie postérieure.
    Il doit savoir que le mot citoyen n’est pas un titre mais un métier. C’est le métier de la responsabilité auquel ce citoyen ne peut se séparer sans qu’il ne redevienne citoyen sans emploi.
    Il doit savoir que l’Amour est une croyance basée sur la liberté d’aimer, qui ne méconnaît pas le droit des gens au paradis après la mort, mais au contraire, elle leur reconnait le droit à un paradis supplémentaire. Car le premier paradis possible est sur cette Terre !
    Il doit savoir que le fonctionnaire l’a dispensé, depuis mille siècles, de toute responsabilité lui incombant, quant à la gouvernance et la gestion des affaires publiques. Cela veut dire, que durant tout ce temps-là, ce citoyen démissionnaire a accepté de libeller à l’ordre du régime en place « un chèque en blanc ». Un chèque que ne pourrait adopter et admirer, en réalité, qu’un homme de la stature d’Hitler.
    Il doit savoir que les règles de l’Amour ne sont pas seulement un nombre mais beaucoup plus que cela. Il doit savoir que « Recommandez le bien » est une règle ; « Interdisez le mal » est une autre règle ; « Défendre les opprimés » est une troisième règle, ainsi de suite … Et qu’il ne peut préserver l’ensemble de ces règles et de ces piliers s’il ne jouit pas du statut d’associé légitime dans l’appareil gouvernemental.
    Il doit savoir que le citoyen, en vérité, possède des droits fondamentaux que garantissent les textes de la constitution … Et que lorsque ces droits sont bafoués, rien, et strictement rien ne différencie une tête couronnée et d’une autre tête !
    Il doit savoir que la « femme sans nom » n’est pas la « femme citoyenne», il s’agit simplement d’une femme qui a perdu tous ses droits, y compris son droit au sport et à l’air libre !
    Il doit savoir que le fonctionnaire [le chef, le ministre, le domestique] est incomparable au grammairien. Car, quand ce dernier se livre à corriger, grammaticalement, la parole des gens, le fonctionnaire quant à lui, les interdit de prendre la parole !
    Il doit savoir que le respect de la tradition du Poète suppose d’abord que le citoyen vit dans une société libérée de toute emprise féodale, de toute tyrannie, exactement comme est la société du Poète de son vivant.
    Notre citoyen doit impérativement savoir !
    Mais si par malheur, notre citoyen néglige ce devoir de savoir. Si par malheur, notre culture citoyenne réussit à rendre ce citoyen ignorant pour toujours de ce qu’est véritablement l’Humanisme. Cela serait hélas une vraie manœuvre politicienne, mais remarquable, qui contribuerait hélas à embrigader des millions de citoyens, à les convaincre pour se donner la mort en défendant n’importe qui et n’importe quoi, et qui les empêcherait au passage, de défendre leur propre droit à une vie meilleure.
    Il s’agirait d’une manœuvre bénéfique sans doute, qui pourrait conduire à la création d’un État riche ou d’un empire immense, mais que, cet État ou cet empire ne serait en fait qu’un disgracieux substitut au droit des gens au paradis … [ici et maintenant] !
    Pierre Marcel Montmory – trouveur

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