Les ossements des Algériens : l’historien Hosni Kitouni répond à Abdelmadjid Chikhi

Suite aux déclarations à l’APS de M. Abdelmadjid Chikhi, conseiller à la présidence en charge des archives et de la mémoire nationale au sujet du transfert des ossements des Algériens à Marseille pour les utiliser dans la fabrication du savon et du sucre, l’historien Hosni Kitouni a réagi sur son compte Facebook en intitulant son post Mensonge historique et victimisation ! « Voilà comment le chargé de la Mémoire, directeur des archives nationales, conseiller à la présidence écrit l’histoire : à coups d’informations douteuses, prenant le risque de se ridiculiser vis-à-vis de la partie française, à propos de faits pourtant connus. Est-il vrai que la France s’est adonnée au transfert des d’ossements humains ? », se demande-t-il.

Précisant la réelle source de cette information, l’historien Hosni Kitouni a souligné qu’elle « est entrée dans l’histoire grâce à une révélation faite par un médecin marseillais, le docteur Segaud qui déclare au journal marseillais le Sémaphore avoir vu parmi les cargaisons d’ossements qui arrivent d’Alger « des crâne, des cubitus et de fémurs de classe adulte récemment déterrés et n’étant pas entièrement privés de partie charnues. Une pareille chose ne devait pas être tolérée » .» Selon l’historien algérien, Moulay Belhamissi, « On réfuta les faits malgré ce témoignage. Mais l’arrivée dans le port phocéen, en mars 1833, d’un navire français, La Bonne Joséphine, dissipe les derniers doutes. Des os et des crânes humains furent effectivement déchargés », a rapporté M, Kitouni, qui, selon lui, les révélations du médecin marseillais ont suscité de l’intérêt chez le ministère de la Guerre qui a ordonné à « l’intendant civil de la ville d’Alger » « de mener une enquête pour déterminer les origines  de ce commerce pour le faire immédiatement cesser », a-t-il souligné en citant O. L. C. Grandmaison.

Revenant sur les propos de M. Chikhi qui attribue à « la France officielle d’avoir organisé le transfert », M. Kitouni n’a pas manqué de préciser qu’il s’agit de propos « totalement faux » et « qu’il y eut trafic, cela ne fait pas de doute, mais aucune partie officielle ne peut en être incriminée », a-t-il ajouté.

S’agissant de ce que « prétend M. Chikhi », concernant l’utilisation des ossements dans la fabrication du savon et le raffinage du sucre, M. Kitouni a souligné « une confusion née des lectures hasardeuses de M. Chikhi », car en réalité, « l’industrie du sucre utilisait le noire animal ou charbon d’os ou charbon animal, obtenu par calcination des os, pour décolorer les liquides notamment le sirop de sucre. Le sucre pas le savon. »  

Quant à l’affirmation que ces ossements appartiennent aux victimes des massacres, Hosni Kitouni a soutenu qu’en général, ce sont « les ossements d’animaux  qui sont utilisés dans l’industrie sucrière. » «  Pellisier de Raynaud dans ses annales raconte comment pour l’élargissement des rues d’Alger on détruisit plusieurs cimetières, laissant les ossements, « exposés à tous les regards sur le revers du chemin. » », a-t-il précisé.

Par ailleurs, multipliant ses différentes sources, enjeu de la discipline de l’histoire, M. Kitouni a expliqué que l’historien Charles-André Julien « laisse entendre que des colons se seraient adonnés à « la profanation et au pillage des cimetières en prélevant les vestiges humains, pour grossir leurs cargaisons exportées à Marseille. »

Finalement, M. Kitouni a affirmé que, trancher sur l’origine de ces ossements et dire qu’ils appartiennent aux Algériens est une « victimisation facile » et une falsification de l’histoire « pour de mauvaises causes. »

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