« Mohammed Arkoun a consacré toute sa vie à son œuvre » (Sylvie Arkoun, fille de l’islamologue)

 

Onze années après sa mort, le philosophe et islamologue algérien Mohammed Arkoun continue de susciter des débats qui ne cessent d’interroger l’islam et les sociétés où cette religion a ramifié ses racines.

La vie et l’œuvre de cet illustre islamologue a été débattue lors d’une conférence organisée à l’Institut français d’Alger, en présence de l’ambassadeur de France en Algérie, François Gouyette, de chercheurs et personnalités intellectuelles dont Sylvie Arkoun, fille de l’islamologue, ainsi que les Professeurs Abdelkader Dourari et Aissa Kadri, en collaboration avec les éditions Frantz Fanon qui rééditent des inédits de Mohammed Arkoun.

L’intervention de Sylvie Arkoun a dévoilé des aspects de la personnalité de son père qui « a consacré toute sa vie à son œuvre. » « Quand il a disparu, je suis revenue sur ses pas, c’était une enquête passionnante. J’ai vraiment eu le sentiment très poignant qu’il avait accompli une œuvre essentielle, mais n’avait pas forcément su nous la communiquer », a-t-elle expliqué, rappelant le rejet dont il a été victime dans sa terre natale en 1985, en présence des « Oulémas » d’Al Azhar.

Par ailleurs, le Professeur Aissa Kadri est revenu sur la radicalisation du savoir religieux islamique et la façon dont Mohammed Arkoun l’a combattue par sa pensée en « rupture » totale avec cette « orthodoxie religieuse. » Le Professeur Abdelkader Dourari a, quant à lui, mis l’accent sur l’exil de l’islamologue algérien que sa pensée et son œuvre justifient en créant « un appareil conceptuel abscons. » « Il était d’une difficulté telle, que très peu de gens pouvaient accéder véritablement à sa pensée », a-t-il précisé.

L’identité berbère et maghrébine de Mohammed Arkoun fait de lui la véritable représentation des « dialogues interreligieux », à l’image de ce qu’a vécu sa terre nord-africaine d’invasions, conquêtes, et colonisations et son caractère multimillénaire où ont été bercée plusieurs religions et croyances.

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