De la dignité d’être

L’Horizon s’avance vers nous. Les bras ouverts. Et le regard d’aplomb. Comme une sommation ultime adressée à toutes les engeances régnantes. Qui se font plus insolentes. Effrontément exaspérantes. Scandaleusement impudentes. Ouvertement arrogantes. Et ostentatoirement plus provocantes. Des engeances qui se moquent profusément de vos dénonciations, de votre récrimination, de votre protestation et de votre contestation. Vous pouvez marcher sans répit. Et même courir, si votre conscience et vos jambes vous y invitent. Vous pouvez alerter. Ameuter. Dénoncer. Vous pouvez tremper votre plume dans tous les vitriols du monde. Et vomir tous les fiels de la galaxie. Mais ne touchez pas à l’intouchable. Une seule fois. Ne touchez pas aux biens usurpés. Volés. Détournés. Devenus plus sacrés que le Sacré. Ne touchez pas aux fortunes obèses et mal acquises. N’approchez pas des palais qui se construisent. Ne rodez pas autour des milliers d’hectares fortement ceinturés. Et des appartements luxueux, hermétiquement clôturés. Ne donnez pas les adresses. Ne parlez pas des maîtresses. Ne révélez pas les comptes à l’étranger. Et des enfants planqués qui s’en gavent. Ne dévoilez aucun micmac. Aucune magouille. Ne donnez aucune liste. Ne prononcez aucun nom. A part ça, vous pouvez tout dire. Tout écrire. Absolument tout. Des pamphlets, des poèmes, des pièces de théâtre, des essais, des romans, des nouvelles et des articles qui suintent l’indignation, la colère ou la consternation. Ecrire avec des stylos qui crachent des flammes. Et des plumes trempées dans des volcans. Pendant que les magouilleurs magouillent, les voleurs volent, les détourneurs détournent, les souteneurs soutiennent, les nominateurs nomment, les palabreurs palabrent, les partisans partouzent, les bureaucrates bureaucratisent. Come une vermine insatiable qui colle à la peau lacérée de l’Algérie. Comme une colonie de morpions inassouvis. Que seule la détermination févrière est en mesure d’exterminer. Comme un torrent irascible qui coule impétueusement dans les veines de l’Algérie. Irriguée de la dignité d’être et de l’idéal d’exister en toute liberté. Une Algérie qui enfante les rêves les plus hardis. Les rêves les plus vaillants. Les rêves les plus idomptés. Une Algérie qui sait si bien tresser les arcs-en-ciel les plus colorés. Apprivoiser les lunes les plus rétives. Se parfumer de soleils enjoués. Et se vêtir d’une robe d’étoiles narquoises et indisciplinées. Pour se blottir dans les bras de l’Horizon qui avance en dansant. Tout en fredonnant allègrement les chants prometteurs et résolus de demain. De tous les demains qui enchantent.

 

 

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