L'autre Oran… « Orán de la Nueva Frontera »

Les oranais (et même ceux qui ne le sont pas) seront étonnés de
savoir qu’il existe une autre ville d’Oran en Argentine, appelée San
Ramón de la Nueva Orán, plus connue sous le nom d’Oran. Il s’agit
d’une petite communauté autonome au nord de l’Argentine, dans la
province de Salta.
Elle fut fondée le 31 août 1794 par l’espagnol Ramón García de León
y Pizarro qui la baptisa en tant que San Ramón de la Nueva Orán car il
s’agissait de la date d’un saint: San Ramón Nonato, et du fait d’être
lui-même né dans la ville algérienne d’Oran, en hommage à sa ville
natale.
Dans un recensement de 2010, elle comptait une population de plus de
80.000 habitants.
Ramón García de León y Pizarro (Orán, dans l’actuelle Algérie, 1745
– Charcas, actuelle Bolivie 1815) fut un noble, militaire et
administrateur public espagnol qui, en tant que président de la « Real
Audiencia » de Charcas, gouverna l’intendance de Chuquisaca durant les
dernières années de la période coloniale espagnole dans le Haut
Pérou.
Il fut également gouverneur intendant de Salta del Tucumán, un poste
où il fonda donc la ville de San Ramón de la Nueva Orán dans le nord
de l’Argentine.
Il fut, également, les dernières années de sa vie, gouverneur de la
province de Guayaquil sur la côte de l’Equateur.
A la bibliothèque du Congrès aux Etats-unis est conservée une carte
de la région d’Oran au moment de sa fondation en 1794, probablement
élaborée par García de León y Pizarro, lui-même ou quelqu’un de son
entourage proche.
Comme sa jumelle, l’originale Wahran « al bahia » de l’Algérie qui
souffrit un séisme qui détruisit pratiquement toute la ville en 1790
et provoqua l’abandon d’Oran par les espagnols, Oran de la Nueva
Frontera, bien que le territoire où elle se trouvait édifiée n’était
pas à proprement dire dans une zone sismique, a subi deux importants
séismes: le 9 octobre 1871, et le 6 juillet 1874 qui la dévasta en
faisant de nombreuses victimes et provoqua l’exode de ses habitants.

Oran de la « Nouvelle Frontière » a même un hymne officiel: « L’hymne à
Oran ». Sa déclamation est obligatoire dans tous les établissements
scolaires de la ville et dans toutes les cérémonies officielles après
l’hymne national argentin.
Et voici un extrait de la dernière strophe de cet hymne:

« Tu chanteras toujours!
Dans cette fleur que Dieu a voulu…
Couvrir ton soleil avec ardeur
Pareil à ton Paradis azuré
Un autre Eden en terre d’Oran »…

Ce qu’il y a de curieux, c’est que l’auteur de cet hymne a aussi des
origines arabes. Il s’agit de Luis Clemente D. Jallad Ortiz (1922-2008),
né d’un père iraquien et d’une mère espagnole et qui a longtemps
vécu à Salta.
C’était un homme politique, journaliste et écrivain et poète
argentin. A l’âge de 22 ans, il gagne le concours littéraire pour
l’élection de l’hymne à la ville de San Ramón de la Nueva Orán.
Il gagna plus tard de nombreux  prix littéraires dont le « Concours
littéraire municipal » de Salta en 1948 et le « jujuy martyr de la
Patrie » en 1949. Il occupa plusieurs fonctions politiques et culturelles
dans la ville et sa province avant de décéder dans la ville de Salta
en 2008.
Il serait intéressant que nos politiques fassent connaître et
révèlent l’existence de ces villes qui ont une origine liée à
l’Algerie et son histoire telle que, par exemple la ville américaine de
Elkader, ville située dans l’État de l’Iowa, aux États-Unis qui
est le siège du comté de Clayton.
Le nom de la ville est bien un hommage à l’émir algérien Abd el-Kader
pour sa résistance à l’occupation coloniale française de son pays, au
milieu du XIX ème siècle. En 1846, trois Américains, John Thompson,
Timothy Davis et Chester Sage, décident ainsi de nommer leur petit
campement El Kader en son hommage. Actuellement, une aile du « Carter
House Museum », le musée de la ville, est consacrée à l’Algérie en
général et à l’Emir Abd el-Kader en particulier.

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