Les flots de l’impudence

La cauchemar pandémique est, déjà, loin derrière. Et le confinement est un souvenir assoupi. A peine les plages autorisées, le ballet zigzagant des mécaniques rugissantes envahit l’atmosphère. Une orgie de ferrailles flottantes et menaçantes. La dernière trouvaille de la marmaille des opportunistes enrichis. Flanquée de celle des trafiquants politiques blanchis. Zodiacs et Jets-skis pullulent à longueur de côte. Quand on connaît leur prix, on comprend très vite quel type de postérieurs peut se permettre de trôner dessus. Et quand on observe toutes les simagrées ostentatoirement exhibées, on comprend le reste. On comprend surtout que ces engins sont totalement détournés de leur vocation. Des appareils de sport et de loisir transformés en objets de frime, de singeries et de grotesques contorsions. Chevauchées par une faune qui n’a pas le moindre soupçon de culture de la mer, ces machines vrombissantes se transforment en danger croissant. Puisqu’elles manœuvrent à quelques centimètres des parasols, en lançant des cris stridents. Cassant ainsi les pieds et les oreilles. Pour le paysage, c’est déjà fait depuis longtemps. Et aucun représentant de la loi, ou supposé tel, n’est là pour dire quoi que ce soit. Beaucoup ont leur progéniture dans le lot. D’autres sont carrément dans le trafic de ces machines. Ils sont derrière leur vertigineuse prolifération. Qui n’a strictement rien à voir avec un quelconque épanouissement de la jeunesse algérienne. Ou l’élargissement du champ de ses activités éducatives ou sportives. Il ne s’agit ni plus ni moins que d’une affaire de gros sous. Encore un produit juteux pour ces commerçants de l’impunité. Et leurs acolytes des réseaux opaques de toutes les complicités. Leurs compères squattent toute la chaîne de l’importation. Et les courtiers qui sont là pour faciliter toutes les autorisations. Pour couvrir l’introduction de toutes les camelotes et de toutes les quincailleries au pays. Pour déverser abondamment leurs saletés en toute liberté. Car pour ces machines qui nous cassent la mer, qui nous brisent le moral et la vue, c’est l’anarchie dans toute l’expression de son horizontalité. Le désordre sciemment entretenu. Pour faire prospérer les affaires nébuleuses. Toutes les affaires brumeuses. Desquelles l’Algérie semble s’être accommodée. C’est au tour des plages et des côtes d’être rongées par cette gangrènemécanique. Comme une imprécation maléfique. Qui gagne effrontément la mer. Après avoir dénaturé la sève de la terre. Et altéré la suavité de la vie.

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *