Pour l’amour du feu

Si je meurs
Je demande à mes proches de ne pas m’enterrer
Mon corps est trop noble pour un linceul anonyme
Il l’est encore davantage pour un cercueil de bois mort
C’est avec les brises vespérales
Du dernier après-midi de mes frissons
Que je continuerai mon voyage

Ce n’est pas par manque de générosité envers les fourmis
Mais je ne veux pas être enterré
Mon cœur qui a abrité un empire de sincérité
Est trop plein de rêves et d’églantines
Trop plein de victoires silencieuses contre les orages
Trop plein de testaments honorés
Pour être inhumé dans une terre ingrate
Si ingrate qu’il n’y pousse que des couardises, des mensonges et de l’armoise

Que le feu
Pareil à celui qui m’habite depuis ma tendre enfance
Le feu sacré de ma foi en l’humain et en son aptitude au bonheur solitaire
Bouffe mes dernières innocences
Mon ultime sourire et mes os
Et que, cendres, je sois disséminé
Dans les vastes prairies de la Chartreuse de Parme
Où se repose le verbe aimer
Des passés simples
Des conditionnels
Et des imparfaits

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