Abdelouahab Aissaoui, le premier écrivain algérien à remporter le Booker arabe

Le jeune écrivain algérien Abdelouahab Aissaoui a remporté mardi à Abou Dhabi le Prix international de la fiction arabe pour son roman Eddiwan El Isbarti , une mise en scène belle, lucide et pleine d’humanité des débuts de la colonisation française en Algérie.

Publié en 2018 par les éditions algériennes Mim que dirige la talentueuse et rigoureuse Assia Ali Moussa, le livre d’Abdelouahab Aissaoui évoque, à travers cinq personnages (trois Algériens et deux Français) la fin de l’occupation ottomane et le début de la colonisation française (1815-1833). Ce roman, dont les scènes se déroulent à Alger, restitue avec finesse et beauté la complexité de l’une des périodes les plus sombres et les moins connues de l’histoire de l’Algérie contemporaine. De plus, à travers le cas de l’Algérie, il peint l’atrocité de la vie dans des contextes de damnation et démontre comment la colonisation était une barbarie avant tout contre l’homme avec tout ce qu’il a de plus universel : la douleur. « Ce roman invite le lecteur à mieux comprendre la vie sous occupation et les différentes formes de résistance qui s’y opposent […]Avec sa structure narrative profonde et historique, le roman ne vit pas dans le passé, mais il invite plutôt le lecteur à remettre en question la réalité actuelle, » a déclaré l’écrivain et critique Muhsin al-Musawi, président du jury de cette édition du Booker.

Abdelouahab Aissaoui est né à Djelfa en 1985. Il a à son actif plusieurs romans notamment Cinéma de Jacob (2012) et Sierra Del Muerte, son deuxième roman, qui a remporté en 2015 le Grand Prix Assia Djebbar. En tant que lauréat du Booker, il devra recevoir une récompense de 50.000 USD pour son roman en plus d’une traduction de son livre vers l’anglais. Toutefois, expliquent les organisateurs, la cérémonie de remise du prix a été annulée en raison des mesures de prévention contre la propagation du coronavirus.

Pour rappel, soutenu par la Fondation britannique Booker Prize et financé par l’émirat d’Abou Dhabi, ce prestigieux prix littéraire, qui est à sa 13ème  édition, est discerné pour la première fois à un Algérien et que, pour la première fois, deux Algériens ont été retenu dans la short-list : Abdelouahab Aissaoui (le lauréat) et Saïd Khaitibi, autre jeune et non moins talentueux écrivain algérien vivant en Slovénie dont le dernier roman, Hatab Sarajevo, a beaucoup fait parler de lui.

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