Ali Amran compare le clan d’Oujda au coronavirus et chante les détenus d’opinion

Le célèbre artiste-chanteur kabyle Ali Amran, voix originale et emblématique de la nouvelle génération,  vient de sortir un nouveau tube en hommage aux détenus d’opinion ainsi qu’au personnel soignant qui fait face, difficilement mais dignement, aux assauts de la crise sanitaire qui secoue le monde depuis des mois malgré le manque criant de moyens. Ce tube, sous le titre fort emblématique de « Sin wattanen » (Deux maladies) est une évocation à la fois triste et émouvante des deux maux qui déchirent l’Algérie : la dictature militaire héritée de la confiscation de l’indépendance du pays et le Coronavirus. Ainsi, si la crise induite par la covid 19 dure depuis seulement quelques mois, l’autre crise, celle de légitimité qui met l’Algérie à mal et l’empêche violement de s’émanciper démocratiquement et se réconcilier avec son histoire et ses ambitions de progrès et de prospérité dure, elle, depuis 1962.  En un  mot, Ali Amran compare sans nuance le coronavirus au clan d’Oujda et estimes que les ravages que ces deux mots provoquent en Algérie, même s’ils diffèrent, sont d’une égale intensité.

 « Sin waṭṭanen iɣ yuɣen/Ay atmaten d yir nutni/Yiwen acḥal d iseggasen/Ma d wayeḍ akken kan id yeɣli (On est atteint par deux maladies/poreillement infames/ l’une est là depuis des années/l’autre vient à peine de surgir) » chante-t-il  avant de continuer : « Yiwen yusad si cinwa/Yuɣ dunnit d tirni/Ur yella amkan yeǧǧa/Iḥuza medden irkulli/I neṭṭedḍ seg wa ar wa/Deg agellil naɣ deg amarkanti/Ur tḥebsen-t tilissa/Yak ur ḥebsent abaḥri (Une maladie est venue de Chine/Elle saccage tout sur son chemin/Se répandant dans tous les recoins/Contagieuse, elle touche tout le monde/Pauvres comme riches/nulle frontière ne lui résiste/Elle rode comme le vent/ ».

Toutefois, aussi violente soit la pandémie du coronavirus, Ali Amran estime qu’il y a pire : la dictature militaire qui sévit sans partage depuis 1962. « Wayeḍ yusad si wejda/Yaɛnayaɣed kan nukni/yef tmurt isars-d rrahba/Segs yenfa tilelli/S ẓur ikecem-d ar raḥba/Ay atma amkan yeǧǧa aṛumi/Seg assen usyevri ara/Mazal yaḥkem suɛsekri(l’autre maladie est arrivé d’Oujda/ Elle ne touche que les Algériens/Elle sème la terreur dans le pays en y traquant les libertés/Malicieusement, elle s’est installée/Elle fait pareil que le colonialisme/Désormais se propageant librement, elle se protège par la force militaire), » chante Ali Amran dans un kabyle châtié et une musique qui caresse l’oreille et apaise l’âme algérienne de ces deux mots qui la tourmentent sans indulgence et sans relâche.

Ce tube, très engagé, annonce la couleur quant à ce que Ali Amran réserve à son public dans les mois à venir, lui dont l’art se confond merveilleusement avec les soubresauts qui agitent la société algérienne et le monde et qui se veut une quête permanente d’une nouvelle esthétique, de nouveaux rythmes et de nouvelles sonorités.

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