« Le magazine Trait-d’Union est l’une des voix de la nouvelle génération » (Abdelhakim Youcef Achira et Adil Messaoudi)

Trait d-Union est un magazine lancé par un groupe de jeunes pour contribuer « à promouvoir la littérature et le patrimoine culturel algérien et universel ». Malgré les difficultés auxquelles ils font face, ils ambitionnent de faire de leur projet l’une des voix des nouvelles générations dans le domaine de la culture.

Comment avez-vous eu l’idée de fonder ce magazine ?

Abdelhakim Youcef Achira : D’abord, je tiens à vous préciser que la revue Trait-d’Union naquit au sein du Club Littéraire de l’Étudiant Francophone quand j’étais moi-même à sa tête. Au début, c’était l’idée de notre prof parrain Dr. Mohand Amokrane Ait Djida, et ce, après une année d’activité. On s’est dit qu’il est peut-être temps de faire quelque chose de concret, c’est-à-dire quelque chose qui reste et qui peut marquer entre autres l’histoire du club. Certes, au début, on organisait des événements et on faisait plein de choses intéressantes, mais une fois l’événement passe, il ne nous reste rien de concret. Donc, l’idée de créer un magazine nous est venue et tout cela a donné la naissance de Trait-d’Union et quand je dis naissance, je parle du numéro zéro paru en tant que revue estudiantine.

Maintenant pour le numéro 1, j’ai décidé en tant que directeur de la publication de penser autrement parce qu’on n’a pas pu continuer dans la même lancée de la revue et je lui ai proposé de lancer un magazine et non pas une revue. Un magazine littéraire et culturel en gardant la même ligne éditoriale (apolitique et areligieuse) et cette fois-ci, on a décidé de viser grand, c’est-à-dire faire participer des écrivains, des journalistes, éditorialistes, et même des blogueurs.

Dans des conditions aussi dures, vous avez pu lancer un magazine, parlez-nous des difficultés auxquelles vous avez fait face durant l’aventure du lancement du premier numéro ?

Abdelhakim Youcef Achira : Généralement, je n’aime pas parler des trucs négatifs. Je préfère parler de notre travail, mais vu que vous m’avez posé la question, je vais vous répondre quand même. La première difficulté, c’est l’équipe, parfois, on aime faire cavalier seul, mais on ne peut pas être ici et ailleurs, c’est-à-dire, on ne peut pas être le directeur de la publication et en même temps le chargé de communication et celui qui fait la correction. Et c’est la même chose pour mon ami le rédacteur en chef, on ne peut pas écrire, choisir les articles. Tout dépend de notre ligne éditoriale et de la qualité ; il faut inciter les gens à participer. Aussi, je peux mentionner que les conditions dus à la covid-19 ont été très dures parfois. Malgré le développement technologique en ce qui concerne les moyens de communication, on a besoin d’un contact direct. Parfois, quand on propose une idée par écrit et on oublie juste un tout petit détail, on risque de ne pas se faire comprendre comme il le faut, et du coup ça débouche sur un désaccord avec l’un des membres de l’équipe.

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La troisième des choses, c’est que les logiciels de montage des magazines et des journaux ne sont pas très accessibles au grand public. Et si on veut en acheter un, on risque de se trouver devant un prix de 50 000 dinars. On était dans l’obligation de réaliser notre magazine avec les moyens du bord.

Adil Messaoudi : Au début, ça n’a pas été facile pour nous de lancer l’appel à la candidature pour ce numéro, surtout que le numéro zéro du magazine n’a pas atteint un écho et grand succès, et ça n’a pas été aussi facile d’inciter les rédacteurs à participer, mais grâce aux efforts fournis par toute l’équipe on a pu convaincre énormément de personnes (écrivains, chroniqueurs, enseignants, étudiants, journalistes, etc.) à y participer.
À la base, ce numéro était trilingue (français/anglais/arabe), mais par insuffisance d’articles et de participants dans les deux langues, l’arabe et l’anglais, on a opté pour un numéro français.
Tout le travail a été réalisé à domicile pendant la période du confinement. Mais Dieu merci, après un mois d’obstination et de persévérance nous avons pu créer et terminer ce projet avec beaucoup d’amour.

Votre magazine s’intéresse à plusieurs sujets à la fois, quelle place occupe la culture dans ce magazine ?

Adil Messaoudi : en principe, Trait-d’Union est un magazine littéraire et culturel, c’est un espace qui tend à promouvoir la littérature et le patrimoine culturel algérien et universel, il vient donner la chance aux passionnés par l’écriture et apporter une vision fraiche sur les productions artistiques et littéraires algériennes et mondiales.
La culture aujourd’hui est devenue un élément indispensable dans la vie quotidienne de l’individu. Le rôle qu’elle joue dans notre magazine ne consiste pas seulement à recueillir et diffuser des connaissances, mais elle est aussi un moyen de rassemblement, un élément qui permet de maintenir les liens avec notre environnement social, historique et naturel, en complément de la langue, de l’art et de la littérature. En bref, la culture est la source de notre progrès et de la créativité, elle doit être entretenue avec précaution afin qu’elle grandisse et se développe.

Ce magazine est-il un projet qui s’étendra vers d’autres activités en relation au savoir et la culture ?

Abdelhakim Youcef Achira : Comme je l’ai déjà dit, le magazine lui-même faisait partie des activités d’un club universitaire. Il était une activité parmi d’autres et maintenant, il est devenu indépendant et du coup, il va remplacer le club et cette fois-ci pour un public plus large. Il devient, donc, le noyau de pas mal d’autres activités pour le futur. On envisage d’organiser des ateliers d’écriture, des formations de photographie, des événements culturels et littéraires en fonction du thème de chaque numéro. Mais avant cela, on doit d’abord l’officialiser et quand je dis officialiser, je parle de soit fonder une entreprise derrière Trait-d’Union, soit, être adopté par une maison d’édition. On peut après envisager la version papier parce que, que l’on veille ou pas, elle est très importante surtout pour les collectionneurs. Je tiens aussi à vous signaler que pour le numéro 0, on a imprimé 10 exemplaires qu’on a distribués aux étudiants qui ont participé à sa réalisation ainsi qu’à l’administration de l’université où on l’a réalisé. Le numéro 0 a été exposé au Salon de l’Étudiant et des Nouvelles Perspectives Khotwa à Oran.

Pour vous, la plume est une arme fatale contre les exactions et les sévices commis à l’égard des peuples innocents. Ceci, démontre le côté engagé de votre magazine. À quel point l’engagement nourrit-il votre projet ?

Abdelhakim Youcef Achira : Quand on dit engagement, on ne dit pas forcément politique, et quand on dit politique, on ne parle pas forcément de la politique politicienne. L’engagement peut être culturel, on peut militer pour instaurer une vraie politique culturelle afin de mettre en valeur nos traditions, notre art, notre vraie architecture, etc. Le magazine n’a pas d’engagement vis-à-vis de la vie politique et tout ce qui va avec, mais elle a sa part de militantisme dans sa façon d’être. Quand on parle de l’art et de la culture, de tel ou tel lieu qui méritent d’être visités et on dit que malheureusement, on ne peut pas y aller donc entre autres, on dit qu’il y a il y a un manque de moyens financiers ou même peut-être une insuffisance au niveau des transports. Donc, entre autres, on essaie de montrer du doigt les problèmes qui doivent être réglés et des endroits qui méritent d’être promus.

En quoi Trait d’Union peut-il s’inscrire dans l’édification d’une Algérie nouvelle ?

Abdelhakim Youcef Achira : Trait-d’Union pour l’Algérie de demain ou bien pour une nouvelle Algérie ? Ça peut être une sorte de référence, une petite référence parmi d’autres grandes références. Ça peut être l’une des références auxquelles on peut avoir recours pour comprendre la nouvelle génération, les nouvelles perspectives, et surtout comment les gens d’aujourd’hui imaginent Algérie de demain dans le monde de la culture de la littérature, leurs besoins dans le domaine du livre, en infrastructures culturelles, etc.

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