« Les propositions de Stora ne vont pas forcément être bien perçues » (Pierre Audin, fils de Maurice Audin)

Pour Pierre Audin, fils du militant algérien Maurice Audin, assassiné par les parachutistes français à Alger en 1957, le rapport de Benjamin Stora sur la question mémorielle contient certes des propositions louables, mais « elles ne vont pas forcément être bien perçus par l’ensemble de la population », car il y a « des choses qui sont importantes sur le plan symbolique comme la vérité sur l’assassinat de l’avocat Ali Boumendjel (NDLR :  avocat et militant politique algérien, torturé et exécuté par les parachutistes de l’armée française en 1957) mais dans ce cas-là, il faudrait aussi alors des milliers de préconisations car on ne connait pas la vérité sur la mort et la disparition de milliers de gens, Français ou Algériens. »

Comparant la possibilité de réconciliation entre la France et l’Algérie à celle de l’Allemagne, Pierre Audin a souligné que « beaucoup de mémoires sont contradictoires et la réconciliation franco-algérienne n’est pas aussi simple que celle qui a été imaginé par exemple entre la France et l’Allemagne », sans écarter, dit-il, le rôle des universitaires des côtés deux de la Méditerranée. « Cela ne peut être que rendu possible par un accès beaucoup plus libre des archives pour mieux appréhender quelles ont été les responsabilités des uns et des autres. Il faut trouver des coopérations scientifiques, universitaires, sportives… Cette coopération entre les deux pays doit passer par les peuples. Elle ne peut pas se résumer à un seul dialogue entre chefs d’Etats et de gouvernement. »

S’agissant de la question des visas, Pierre Audin a estimé qu’il s’agissait d’un problème qui devrait faire partie du rapport de Benjamin Stora, car il dépend de plusieurs autres sujets compliqués. « Le rapport de Benjamin Stora préconise, il est vrai des facilités de visas pour les chercheurs, mais il faut aller au-delà. Le rapport demande à Alger d’entretenir les cimetières des Européens et des Juifs en Algérie. Mais pourquoi restaurer de tels lieux si les gens ne peuvent pas se rendre sur place, faute de visa ? » a-t-il rappelé, appelant les gouvernements français et algérien à favorise les échanges entre les artistes, les professionnels du cinéma et du théâtre.

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